Détournements naturalistes et horrifiques dans <i>Dingo</i> d’Octave Mirbeau et <i>Cujo</i> de Stephen King
DOI:
https://doi.org/10.12957/soletras.2015.19105Abstract
Nombreux sont les films ayant pour héros un chien fou. Ils s’apparentent à des sous-genres horrifiques spécifiques comme ceux de l’animal tueur ou encore de l’éco horreur. Le film d’éco horreur est particulièrement populaire en Australie, pays très concerné par les questions écologiques et dont est originaire le dingo. Ce chien sauvage en voie d’extinction a d’ailleurs fait l’objet d’un film de Fred Schepisi, Evil Angels (1998) dont l’histoire est tirée d’un événement réel qui avait alors suscité une réaction viscérale au sein de la population australienne. Après la disparition mystérieuse d’un bėbé que ses parents avaient amené avec eux en camping, la mère fut accusée d’infanticide pour la seule raison qu’elle soutenait avoir vu un dingo enlever son enfant. L’opinion publique refusant de croire que cet animal emblématique de l’espace australien et de sa conquête masculine puisse s’attaquer à un humain, on a préféré diaboliser la femme plutôt que la bête. Le dingo est toutefois devenu une figure de la monstruosité lorsque, preuve à l’appui, on a constaté que cet animal avait bel et bien tué le bébé. Cela a eu pour effet d’entraîner une confusion dans la perception du dingo et de son statut légal. Comme le soulignent James Gorman et Christine Kennealy, “in some parts of Australia dingoes are pests, but in other parts they are protected. Their status can change with shifts in public opinion”.[1] De tels faits nous permettent de constater que le dingo n’est pas seulement un être de chair et de sang, mais aussi une construction culturelle, sociale et imaginaire, dotée d’une part de symbolisme voire d’affabulation, ne serait-ce que parce que l’animal se donne à percevoir dans la relation qu’il a avec l’homme et la civilisation.
[1] James Gorman et Christine Kennealy, Australia’s Changing View of the Dingo, New York Times, 6 mars 2012, p. D1.
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